L'année 1940
(Cinquième article)
Sur le blog d'origine, (http://tapriere.skyblog.com/, mon oncle le Père Jean Michal, Oblat de Marie Immaculée (O.M.I) a déposé quelques commentaires en tant que cahier de retraite. Il m'a semblé intéressant de vous les faire partager non comme commentaires, mais comme articles d'une retraite suivie.
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Et j'en viens à cette année 1940...
les épreuves écrites du bac ; devancées au mois de Mai, les épreuves orales supprimées, les armées allemandes arrivant au Pont de Beauvoisin (Isère - France http://www.pont-de-beauvoisin.com/ ), et jusque dans les prés de Bel-Air, alors qu'avec tante Magui je faisais les foins.....
Et puis à la fin du mois de juillet, le père d'André Charvet vient me chercher en voiture. Le lendemain, c'était le dernier jour ou les voitures particulières pouvaient rouler sans un permis spécial (il fallait garder l'essence pour les Allemands !) nous allons ensemble de Charavines à Notre Dame de Bon Secours. Nous sommes très bien reçus par le Père Balmès qui était le formateur des Novices. Nous trouvons l'ambiance du noviciat fort sympathique. Il y avait là une quinzaine de novices Oblats qui terminaient leur année de noviciat et allaient faire leurs premiers voeux le 15 Août. Bref, André Charvet et moi disons au Père Balmès que nous sommes d'accord pour commencer le Noviciat, moi, le 8 septembre, lui le 7 Octobre.
Les Tantes vont m'aider pour les préparatifs du départ, mais elles sont tristes de me voir partir, et moi aussi ; je trouve la séparation bien dure d'autant plus que je n'avais pas revu papa. Il avait été mobilisé comme officier de réserve dans un bataillon de Chasseurs Alpins. De Chambéry il était monté du côté d'Angers pour arrêter les Allemands. Mais tout était désorganisé et il s'est retrouvé un beau jour, avec son bataillon, en Dordogne à Saint Cybranet ; André (mon frère de 9 ans) et sa Maman étaient remontés à Paris ou il les rejoignit, une fois démobilisé.
Que dire de cette période et de l'année de Noviciat ? Simplement qu'André Charvet et moi, nous nous sommes rendus compte, bien plus tard, à quel point les paroles de Jésus à ses apôtres s'appliquaient aussi à nous : "Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis." Car dans cette période tragique, malgré nos illusions, malgré les circonstances défavorables - l'avenir était alors bien sombre - et je dirais même, en raison des difficultés rencontrées, nous voulions à tout prix nous entraîner pour les missions....
Je me rappelle, en 1942, aux chantiers de jeunesse, alors que l'on crevait de faim et que l'arrachage des racines de bruyère pour faire du charbon de bois blessait nos mains fragiles d'Etudiants, peu habitués aux travaux manuels, je me disais : Bon entrainement pour les missions du Grand Nord
Et j'étais heureux, d'une joie qui ne pouvait pas venir de moi "Merci, Seigneur Jésus".