Dieu au détour du jardin
La terre sent bon la patience de Dieu ! Il faut la plénitude de l'été, l'incendie de l'automne, le silence de l'hiver et l'espérance du printemps pour que la terre porte ses fruits. La vie de l'homme, pétrie de temps, est cette terre qui porte fruit. Et il arrive parfois que la respiration de la terre unifie et rassemble tout mon être. Alors, il n'y a plus le ciel, le vent, la terre, moi... il n'y a plus qu'un grand tout qui chante l'harmonie retrouvée. Prière d'une clarisse, jardinière d’un monastère
Il faut quatre saisons pour écrire une année, aucune ne peut se passer de l'autre.
Le coeur de l'homme est un jardin où Dieu jette sa semence.
Quand je vais au jardin, je ne travaille pas la terre ; je laisse la terre me travailler. Car le jardin me permet de me situer par rapport à cette question que François se posait et que tout homme se pose: « Qui es-tu, Seigneur ? Et qui suis-je ? ».
Je peux dire à la terre: nous avons même Créateur et même mission. Et c'est une oeuvre liturgique que j'accomplis ; je ne peux pas m'y présenter n'importe comment. Il me faut retourner mon coeur comme on retourne la terre, demander à Dieu qu'Il me fasse un coeur fraternel, sans aucun vouloir de domination.
Je descends au jardin pour communier à l'oeuvre créatrice, et je me glisse avec humilité dans ce silence de la terre.
Certains soirs, quand la cloche sonne, quand la fatigue monte à l'assaut de mon corps comme une vague bienfaisante, je guette au détour d'un chemin si Dieu ne se promènerait à la brise du soir !