Les débuts au lycée de Talence

Et j'arrive maintenant à cette année scolaire 1959-1960 qui a été ma première année comme aumônier du lycée de Talence.

Talence est une commune de l'agglomération de Bordeaux. C'est sur cette commune que Monsieur Picand a édifié les nouveaux bâtiments de l'Université, entre les années 1964-1970, les bâtiments du Cours Pasteur, au centre de Bordeaux, s'avérant insuffisants pour recevoir des Etudiants de plus en plus nombreux. Mais quand je suis arrivé en septembre 1959, le lycée d'Etat de Talence était le plus grand établissement scolaire avec ses 2800 élèves, dont 900 pensionnaires (500 garcons et 400 filles). Il y avait deux sections : la section primaire, avec les deux années de C.E., les 2 années de C.M. et la section secondaire, de la 6ème aux classes terminales. Le Père Jean Chabalier, un Oblat, mon ainé d'une bonne quinzaine d'années avait déjà ses entrées au lycée. Il préparait les enfants à la communion solennelle. Il donnait donc des cours de catéchisme aux enfants des classes du primaire et de sixième Et tout ce petit monde à catéchiser l'occupait vraiment car, en ce temps, les parents tenaient à la communion solennelle, même s'ils n'étaient pas trop pratiquants... Le Père n'avait pas de problème de recrutement ! Malheureusement, il n'avait pas le temps de suivre les enfants après la communion solennelle.
C'était donc à moi d'établir une aumônerie pour les "grands', c'est-à-dire les pré-adolescents et adolescents, à partir de la cinquième secondaire jusqu'aux classes terminales .

Evidemment, dans les débuts, je me suis senti quelque peu perdu, dans ce milieu enseignant que je connaissais bien mal et dont il fallait respecter les valeurs traditionnelles, en particulier celle de laïcité. Les conseils du Père Chabalier à ce sujet m'ont été précieux. J'ai eu aussi la chance de rencontrer dans l'Administration du lycée des personnes bienveillantes. Proviseur, censeur, surveillants généraux voyaient avec sympathie l'arrivée d'un aumônier pour "les grands". Le surveillant général des garcons était un Corse ; d'emblée il s'est pris d'amitié pour moi et m'a fait entrer à l'association des Corses de Bordeaux. Il résumait ainsi sa pensée et sans doute celle de l'Administration : "un peu de religion ne fera pas de mal aux élèves et ça va nous aider à maintenir un peu de discipline."

Une autre de mes chances a été l'ouverture d'esprit du Cardinal Richaud qui était alors l'évèque de Bordeaux. Il avait été lui-même aumônier de lycée dans ses jeunes années et il en connaissait les difficultés. C'est lui qui m'a dit, quand je suis allé le voir après mes premiers mois de ministère :" quand vous allez au lycée, mettez-vous donc en clergyman. Faites comme les aumôniers militaires qui ne sont pas en soutane". En 1960, avant le Concile, ces propos étaient encore quelque peu révolutionnaires. J'ai immédiatement suivi ce conseil et m'en suis fort bien trouvé. Tout de suite, j'ai senti que les professeurs m'acceptaient. J'avais fait un pas vers eux. Dans mes prochains entretiens quelques anecdotes illustreront les propos que je viens de tenir .

(Dixhuitième article)

Sur le blog d'origine, (http://tapriere.skyblog.com/, mon oncle le Père Jean Michal, Oblat de Marie Immaculée (O.M.I) a déposé quelques commentaires en tant que cahier de retraite. Il m'a semblé intéressant de vous les faire partager non comme commentaires, mais comme articles d'une retraite suivie.

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