Un nouveau diocèse

(Quarante cinquième article)  

Mon oncle le Père Jean Michal, Oblat de Marie Immaculée (O.M.I) continue la relecture de son sacerdoce et de ses missions. Il m'a semblé intéressant de vous faire partager ce témoignage sous forme d'une retraite suivie. 

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            « A soixante ans, seul le désir d’aimer importe. »

            Cette phrase, je viens de la lire dans un article de la revue « Le Pèlerin », du 2 avril de cette année 2009. Et je ne peux m’empêcher de penser que : soixante ans, c’est l’âge auquel Père Hubert a été choisi pour fonder le nouveau diocèse de Fort-Liberté… Il fallait du courage pour accepter cette charge parce que tout était à créer, les moyens matériels bien faibles et les ouvriers apostoliques peu nombreux. Au soir de ce 7 avril 1991 une seule question  se posait au nouvel évêque : « Par ou commencer? »

                 Une autre phrase me revient à la mémoire ; elle se trouve dans le livre « Les Actes des Apötres » dont nous lisons de longs passages en ce temps de Pâques. Au chapitre II, Saint Luc, racontant ce qui s’était passé à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, écrit en parlant des Apôtres : « ils reçurent le Saint Esprit et commencèrent à parler. »  Je dirais volontiers de Mgr. Hubert : «  il a reçu le Saint Esprit et il s’est mis au travail. »

            Quand maintenant nous évoquons nos souvenirs, ce qui s’est passé en cette matinée du  dimanche 14 avril 1991, une semaine après l’ordination épiscopale, ne manque pas de nous faire sourire. C’était pour Mgr. Hubert la première rencontre officielle avec les Fort-Dauphinois (ainsi se nomment les habitants de Fort-Liberté qui, autrefois s’appelait  «  Fort Dauphin »). Il avait soigneusement préparé son homélie pour donner à ses diocésains une claire idée de ses priorités pastorales, la toute première étant l’éducation des Jeunes. C’est en effet  à la formation de la Jeunesse, comme professeur, Directeur de collège, puis de Séminaire qu’il avait   jusqu‘à ce jour, consacré toute son activité, et il comptait bien, comme évêque poursuivre cette tâche, si importante à ses yeux…

            Une demi-heure avant le début de cette première Messe pontificale très solennelle, Mgr. Hubert, déjà revêtu de ses habits pontificaux me dit : « Jean, viens avec moi ! » et sans autre explication, il m’entraîne vers la voiture qu’il conduit lui-même jusque chez Madame la Directrice Départementale de l’Education Nationale. En cours de route, il prend le temps de m’expliquer qu’il veut en quelques mots prévenir Madame la  Directrice de l’Education de la teneur de son homélie et lui offrir sa collaboration et la mienne pour le grand œuvre de l’Education…

             Nul doute que Madame la Directrice et son Mari, Député du Nord-Est, aient été surpris et touchés de cette démarche spontanée du nouvel évêque. Toujours est-il que la semaine suivante, sous la présidence de Madame la Directrice Départementale de l’Education Nationale, tous les Inspecteurs  étaient  réunis autour de l’Évêque pour voir quelle collaboration pouvait être envisagée entre l’Education Nationale et le Diocèse de Fort-Liberté.

            Et c’est ainsi que quelques mois plus tard, à la suite de tractations dont nous n’avons pas eu connaissance, Monsieur le Député, époux de la Directrice Départementale de l’Education Nationale, vint très officiellement informer Monseigneur Hubert que le Ministère de l’Education Nationale acceptait d’ouvrir une Ecole Normale d’Instituteurs et d’Institutrices à Fort-Liberté, à condition que l’évêché en prenne la responsabilité… Et c’est ainsi que Mgr. Hubert me demanda de prendre la direction d’une Ecole Normale dont les bâtiments n’existaient pas encore, mais qui allait ouvrir ses portes au début de l’année scolaire 1992 dans des locaux de fortune prêtés par l’Ecole des Sœurs de Saint François d’Assise. Tous les professeurs – hommes et femmes – au nombre de six étaient des Inspecteurs qui avaient reçu, pendant une année, à l’Institut Pédagogique National de Port-au-Prince,  une formation de Conseillers Pédagogiques

           C’est en Octobre 94 seulement que les Etudiants-Instituteurs du Nord-Est  eurent enfin la joie d’entrer dans leur Ecole Normale, construite entre temps par le Ministère de l’Education Nationale.sur un terrain donné par l’évêché… Bel exemple, n’est-il pas vrai, de collaboration entre l’Eglise et l’Etat !